Ma vie n’est pas derrière moi

ni avant

ni maintenant

Elle est dedans

Jacques Prévert

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06 September 2007

Le lit défait

C’est drôle... c’est drôle comme en lisant les romans de Françoise Sagan je retrouve en moi des émotions si différentes, états d’esprit contradictoires presque, mais qui ne manquent pas de logique. Le lit défait a été une lecture à la limite... parfois, c’était difficile de ne pas haïr Béatrice même si je la comprenais parfaitement. J’adore les phrases de F. Sagan qui renversent les règles, qui écrasent de (sa) manière comique les conventions :

- Ecoute, dit Béatrice, grimpe d’abord dans ce hamac, bois ton café chaud et respire doucement. Pas à fond, surtout, il ne faut jamais respirer à fond. Ni faire de la gymnastique tous les jours, ni éviter les graisses,ni se démaquiller soigneusement,ça vous tue en dix jours. Ou en dix ans, ce qui est pire.
Ch.9

J’ai beaucoup aimé les fluctuations des humeurs de Béatrice, ce caractère apparemment puissant, qui s’avérait vulnérable parfois... Mais surtout, j’ai aimé la présence marquante du destin dans le roman... cette typologie de l’actrice fameuse, de l’écrivain de succes, et de leur vie qui semble se conduire d’après une configuration qu’aucun d’entre eux ne semble vouloir changer. Ils ne désirent pas arrêter de souffrir, même trompé, Edouard garde en soi toutes les « pourquoi-s » et retourne paisiblement à côté d’elle, sans demander plus rien. Et s’il faut dire la vérité, le personnage d’Edouard ne m’a pas semblé très captivant. Deux protagonistes à la recherche du bonheur, qui arrivent à de tristes conclusions...

On ne se rappelle jamais quand quelqu’un ne vous aime plus, sa voix, avant, disant « Je t’aime », on se rappelle sa voix disant « Il fait froid ce soir » ou « Ton chandail est trop long ». On ne se rappelle pas un visage boulversé par le plaisir, on se rappelle un visage distrait, hésitant, sous la pluie. Comme si la mémoire était, tout autant que l’intelligence, délibérément insoumise aux mouvements du coeur.
Ch.10

C’est un livre que j’ai beaucoup aimé, pour ses contrastes, pour l’atmosphère un peu lourde mais recherchée, pour cette histoire d’amour boulversé que seule Françoise Sagan sait m’offrir.

07 August 2007

Fadette


Quand j’ai commencé La Petite Fadette, le mot qui me venait à la bouche était naïve. Peut-être parce’que je venais de lire un livre tout à fait différent, plein d’intrigues et de « préjugés »… Et j’avais l’impression de lire un conte… la campagne, les frères, les taquineries d’enfants… Eh bien, je suis arrivée à la fin, pour découvrir un livre plus subtile que je ne le croyais, un livre où Cendrillon s’avère pour une fine connaisseure de l’esprit humain :

Je sais qu'on a beaucoup trop dit autour de vous que cette amitié bessonnière était une loi de nature qui devait vous faire mourir si on la contrariait, et vous avez cru obéir à votre sort en portant cette amitié à l'excès ; mais Dieu n'est pas si injuste que de nous marquer pour un mauvais sort dans le ventre de nos mères. Il n'est pas si méchant que de nous donner des idées que nous ne pourrions jamais surmonter, et vous lui faites injure, comme un superstitieux que vous êtes, en croyant qu'il y a dans le sang de votre corps plus de force et de mauvaise destinée qu'il n'y a dans votre esprit de résistance et de raison. Jamais, à moins que vous ne soyez fou, je ne croirai que vous ne pourriez pas combattre votre jalousie, si vous le vouliez. Mais vous ne le voulez pas, parce qu'on a trop caressé le vice de votre âme, et que vous estimez moins votre devoir que votre fantaisie .
Chapitre XXXVIII

J’ai toujours du mal à écrire sur les livres qui n’éveillent pas en moi la passion... et je peux dire que ce n’est pas un livre qui restera parmi mes favoris. Mais, au moins, c’est un livre qui m’a surpris.


04 August 2007

Miss Bennet

I am the happiest creature in the world. Perhaps other people have said so before, but not one with such justice. I am happier even than Jane; she only smiles, I laugh. Mr. Darcy sends you all the love in the world that he can spare from me.

Jane Austen - Pride and Prejudice, Chapter 60

Eh oui…j’ai fini le livre dans un temps récord, car je dois l’avouer, j’avais peur d’un anglais trop prétentieux. C’est le livre parfait pour un après-midi gris, quand la pluie tombe lourde sur la mansarde... C’est le livre qui te donne envie de boire un Earl Grey juste pour entrer dans l’atmosphère... Et c’est le livre que tu lis avec la même ferveur, en sachant dès le début quelle sera la fin.

30 March 2007

Lire dans la lumière

Il y a des livres qu’on pourrait lire et relire maintes fois, sans que leur parfum s’affaiblisse... Ces jours-ci je vis un peu dans l’imaginaire, peut-être parce qu’à mon esprit lui manque la création. Et je me retrouve avec le livre d’Alphonse Daudet entre les mains, songeant à mes illusions. Qui sait ? peut-être un jour je les toucherai... Rêvez un peu avec moi...

"Moi je me réserve la pièce du bas, une petite pièce blanchie à la chaux, basse et voûtée comme un réfectoire de couvent.

C’est de là que je vous écris, ma porte grande ouverte, au bon soleil.

Un joli bois de pins tout étincelant de lumière dégringole devant moi jusqu’au bas de la côte. A l’horizon, les Alpilles découpent leurs crêtes fines... Pas de bruit... A peine, de loin en loin, un son de fifre, un courlis dans les lavandes, un grelot de mules sur la route... Tout ce beau paysage provençal ne vit que par la lumière. "

Alphonse Daudet - Lettres de mon moulin

15 February 2007

Philippe Forest

Tsuyo no yo wa
Tsuyo no yo nagara
Sarinagara

Stiam aceasta lume

Efemera ca o roua
Si totusi totusi

Je ne sais pas si je peux écrire quoi que ce soit sur Sarinagara... C’est un livre qui m’a tellement marqué, qui m’a touché à un tel point que je ne peux même pas formuler une opinion cohérente. Ce que j’ai aimé le plus ? La fluidité du texte... il coule, il enveloppe une idée si fine et raffinée dans une toile parfois dorée, parfois grisâtre.

Tous les souvenirs enfin s'effacent. Et puis restent les rêves. Alors, comme ils sont seuls désormais, c'est à eux que l'on confie le souci de sa vie.

Toate amintirile se sterg in cele din urma. Apoi raman visele. Atunci, pentru ca de aici inainte ele singure sunt, lor le incredintam grijile vietii noastre.

Une vraie leçon sur le Japon, un monde si différent que parfois nous ne faisons même pas l’effort de découvrir... nous l’oublions dans son exotisme éloigné. Un roman qui ouvre les yeux vers une sensibilité et un raffinement seulement possibles dans l’univers délicat des cerisiers.

Europa socoate frumos tot ceea ce se inalta maiestuos in spatiu si timp, ceea ce ratiunea ridica spre a dura si spre a-si inscrie semnul in neant. In Japonia insa, frumos este socotit ceea ce se supune legii vide a fiintei si se destrama in chip desfatator, pentru a-i oferi sufletului omului o clipa pura de incantare trista.

E nevoie de multa subtilitate si de indiferenta fata de prejudecatile savante pentru a indrazni sa crezi ca arta - fara a-i nega complexitatea si ambitia - duce la extrema simplitate a unei experiente proaspete si nepasatoare a gandirii.


C'est comme ça toujours que tout commence : lorsque vient la certitude d'avoir touché le fond, d'en avoir fini pour de bon avec le fatigant commerce des pensées, des émotions, des sentiments et qu'il n'est plus possible de se vouer à rien sinon au vide en soi.

Asa incepe totul intotdeauna: atunci cand vine certitudinea de a fi ajuns la fund, de a fi incheiat definitiv cu obositorul schimb de ganduri, de emotii, de sentimente si cand nu mai e cu putinta sa te consacri decat vidului din tine.

Sarinagara est un cadeau, un fragment de vie, un livre qui émane le silence... mais qui transforme les drames dans des sublimes méditations d’une sérénité unique. Cette fois-ci je peux dire : un livre à mon goût !

10 February 2007

Nina Berberova

I’m writing this mostly because I wouldn’t want to forget, as time goes by, my comments on this book… The book of happiness was not at all what I expected, maybe that’s what I did wrong… expecting something can end up very disappointing. What I didn’t like? Besides de russian atmosphere (that definetly is not for me), the pursue of happiness didn’t came out as it should have in my opinion… Her point is to illustrate the many faces of this complex feeling of “happiness”, but after a brief chapter in which Vera is happy –her childhood- she faces poverty, the faith of living by the side of a very sick husband who depended on her, than chasing an illusion of happiness in Southern France where she meets her last stop… The man who apparently makes her happy, they love each other, but honestly, it wasn’t that convincing… She(Nina Berberova) made the character too sad and hopeless, so that she could suddenly be happy again… I’ve read so many reviews about how profound and psychological this book is, and I can’t say I find it so. I’m sorry if I seam harsh or insensitive, it’s only my opinion… not my type of book.

04 January 2007

Amor y cólera



Se ofuscó al saludarlo, y él se ofuscó más con la ofuscación de ella. La conciencia de que se comportaban como novios los ofuscó más aún, y la conciencia de que ambos estaban ofuscados acabó de ofuscarlos hasta el punto de que el capitán Samaritano lo advirtió con un trémolo de compasión.


Gabriel García Márquez – El amor en los tiempos del cólera

A book that came to my mind these days... How very sad that two people who lived their life frustrated by the failure of their love, should be condamned to live it only at the end... And still, how wonderful is the web that
García Márquez creates around them, how simple remains their love, even if it has lost the freshness of youth... A book to remember...