Hier j’ai eu une des plus agréables soirées depuis que je suis venue à Bucarest... Depuis longtemps on m’avait dit que je suis un peu snobe, et hier j’ai ressenti cette partie de moi comme jamais auparavant. J’étais simplement heureuse d’être en compagnie des personnes qui ont le même plaisir que moi d’entendre des paroles spéciales accompagnées par les accords d’un instrument si merveilleux : le saxophone. L’auteur qui nous a dévoilé une partie de son monde a été Philippe Forest dans son roman Sarinagara... je dois avouer que ce que j’ai découvert a été plutôt triste. Le Monde a écrit : « Kobayashi Issa, Natsume Soseki et Yosuke Yamahata, trois vies, un seul destin. » Philippe Forest raconte son propre drame, la perte de sa petite fille emportée par un cancer à l’âge de 4 ans, et s’approche ainsi de trois grands hommes du paysage japonais qui ont partagé la même tragédie : le dernier des grands maîtres de l’art du haïku, l’inventeur du roman japonais moderne et le premier homme à avoir photographié les victimes et les ruines de Nagasaki.
J’ai eu la chance d’acheter le roman, alors je reviendrai avec des impressions sur la lecture... Mais ce qui est encore frais dans ma mémoire, c’est l’atmosphère de hier soir. Dans la salle de l’Institut, deux voix mervéilleuses ont imprimé dans ma tête une mélodie qui va me hanter pendant ma lecture (j’en suis sûre). Deux voix tres différentes, l’une avec le timbre doux et candide d’un enfant (assez étrange si on pense au roman) mais qui semblait la voix de l’homme qui a déjà vécu une tragédie et la regarde avec du calme, et l’autre avec le poids lourd de l’histoire, une voix qui semble vivre maintenant une drame déchirante, une voix qui cherche l’issue d’un cauchemar.
Le saxophone a été le couronnement de cet air oriental qui sentait les cerisiers... Des notes courtes, des sons du Japon, les intermèdes parfaits. Peut-être c’est parce’que c’était la première fois que j’ai participé a un tel évènement qu’il ma laissé une impression si forte. Mais j’ai entendu là-bas une chose que j’ai beaucoup aimé : après la guerre, deux grandes choses ont disparu de la vie des hommes... les chapeaux et la lecture en groupe. Et si au final, je prend un verre de vin français, je peux dire que j’ai voyagé dans le temps et l’espace, car j’ai eu la sensation d’être en France... Pour quelques heures j’ai réçu un cadeau inestimable, j’étais heureuse, vraiment HEUREUSE, comme je le désirais le soir de mes souvenirs de Paris. Et pour tout cela je dois remercier Ozana Oancea et Fanny Chartres pour leur lecture extraordinaire, Cristian Soleanu pour le saxophone japonais, et l’Institut Français pour m’offrir la possibilité de participer.
Merçi à tous et à la prochaine !